Ils ont transformé une maison du Nord de 1930 en habitat écolo – 18h39

juillet 2019

Et si les petites maisons en briques rouges, image d’Épinal du Nord de la France, étaient l’habitat du futur ? C’est en tout cas ce dont sont persuadés les 200 étudiant-es qui sont parvenu-es à faire d’une maison 1930, un habitat écologique. 

Nous n’avons pas voulu créer une maison complètement utopique”, nous explique Lucie d’Hont, coordinatrice de l’équipe Habiter 2030, à l’origine du projet, qui regroupe des étudiant-es de l’École Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Lille (ENSAPL) et des Compagnons du devoir, mais aussi 14 autres écoles qui sont venues prêter main forte. 

En effet, pas question d’imaginer des meubles en réalité virtuelle ou même un logement entièrement contrôlé par une intelligence artificielle. La démarche a pour vocation “de rendre du confort à ceux qui vivent dedans”, et s’inscrire dans la durée.

Répondre aux problématiques des habitants des maisons 1930

Mais pas question de se livrer à un simple travail de rénovation, l’ambition ici est de réhabiliter, “rendre digne”, souligne Lucie. L’équipe s’est basée sur les proportions traditionnelles d’une maison 1930 pour dessiner son projet de base, mais n’a pas réinvesti une maison existante. La leur est toute neuve !

Alors, à quoi ressemble-t-elle cette maison ? “Imaginez une maison 1930 avec une toiture qui fuit, des personnes en précarité énergétique à l’intérieur. Cette maison on l’a soignée, on l’a réparée”, nous explique Lucie. 

Pour répondre à ces problématiques, il a fallu dans un premier temps prévoir une isolation saine grâce à l’isolant métisse fabriqué à partir de jeans recyclés, et des enduits en terre. Les équipes ont également imaginé des rideaux thermiques qui cloisonnent la maison en petits espaces pour ne chauffer que les zones de la maison dans lesquelles on se trouve. 

L’écologie au coeur de la construction

Bien évidemment, la toiture est équipée de panneaux photovoltaïques mais la maison est aussi reliée à un réseau électrique global, “qui permet de se partager de l’énergie”, précise-t-elle. Côté chauffage, la maison est équipée d’un système de tubes photovoltaïques disposés sur la serre de l’habitation pour chauffer l’eau et l’intérieur de l’habitation. Un système de récupérateur d’eau de pluie vient compléter cette logique anti-gaspillage ! 

Un habitat écologique donc, qui place l’humain au coeur de la construction. “Les matériaux qu’on choisit ne doivent pas faire de mal à la personne qui vit dedans ni à celles qui les installent”, indique Lucie. Autre contrainte, les étudiants ont fait en sorte que toutes les pièces constitutives de la maison aient une double fonction. “Les parois sont là pour protéger l’habitant mais elles sont aussi des meubles. Ce n’est pas juste un isolant biosourcé”, souligne-t-elle. 

L’équipe est aussi adepte du low-tech, un système simple en terme de coût et de savoir-faire technologique (dont nous parlait Philippe Bihouix) ! “Pour se protéger du soleil, on a choisi de ne pas faire appel à un constructeur de store. On a décidé de fabriquer le store avec des chaînes de vélo”, annonce fièrement Lucie. Et la jeune femme de 32 ans d’ajouter : “On fait avec ce que l’on a. On a tout fait nous-mêmes : de la poignée de porte au lit, en passant par la cuisine.

Une collaboration entre tous les corps de métiers

Car le résultat final n’est pas que le fruit du travail d’architectes, mais celui de plusieurs corps de métiers, qui ont avancé sur un pied d’égalité. “On a voulu sortir du schéma classique où l’architecte dessine et les ouvriers montent le prototype”, nous indique Lucie. Un vrai challenge ! “Il a fallu construire un langage commun. Le mot conception n’est pas le même pour un architecte qu’un plombier”, rappelle-t-elle. 

Malgré une phase d’adaptation laborieuse qui a duré deux ans, architectes, menuisiers, plombiers, ingénieurs ou designers travaillent aujourd’hui en parfaite cohésion pour valoriser un patrimoine à l’abandon. Un travail d’équipe qui a porté ses fruits, puisque Habiter 2030 est le seul projet à représenter la France à l’occasion du Solar Decathlon, une compétition internationale d’architecture et de design, qui se tient cette année à Budapest en Hongrie. 

En attendant le début de la compétition, le 12 juillet prochain, les camions déchargent les modules de la maison qui devront ensuite être assemblés. Bien qu’une place sur le podium ne serait pas de refus, ce n’est pas la victoire qui intéresse les Français-es. “C’est un projet où j’ai pris du plaisir. Ce n’est pas quelque chose qu’on apprend en école d’archi”, précise Lucie. 

Rendez-vous le 28 juillet pour les résultats, allez les Bleu-es ! 

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