Le 27 juin dernier HABITER2030 organisait son séminaire d’été en lien étroit avec le projet européen du Circular Trust Building. L’occasion de présenter aux partenaires régionaux la matière produite par les étudiants impliqués durant trois années de « Méta Plateau Projet ». L’opportunité de mettre en valeur des partenariats qui font sens entre les trajectoires bas carbone de l’URH et les stratégies proposées par HABITER2030 dans le cadre du Circular Trust Building. Un « séminaire d’été » foisonnant, à l’image de ce dernier trimestre !
URH et HABITER2030 : Des complémentarités essentielles
L’Union Régionale de l’Habitat a présenté ses analyses des enjeux de rénovation énergétique, pointant notamment que la part des logements anciens de la région Hauts-de-France est plus importante que celle de la France métropolitaine. En effet, 60,5 % des résidences principales de la région ont été construites avant 1975 contre 54,1 % en France métropolitaine et 68 % sont considérées comme énergivores (contre 57 % en France) selon les chiffres de 2015.
Pour répondre aux objectifs du CTB de réduire de 25% de l’empreinte carbone des matériaux de construction et de rénovation et en cohérence avec les plans Climat Air Énergie et lutter contre la précarité énergétique, il s’agit à la fois de suivre une trajectoire bas carbone claire (URH) tout en proposant des solutions de rénovation accessibles, participatives, inclusives (HABITER2030) en proposant aux habitants d’être partie prenante du projet, de travailler à partir de solutions de réemploi, de partage de connaissances et dans une démarche de massification de la rénovation et de l’amélioration des performances énergétiques.
Des approches multiscalaires, des solutions plurielles Retour sur 3 années de Méta Plateau Projet qui alimentent le CTB
Depuis trois ans, des étudiants de l’Ecole Nationale d’Architecture et de Paysage de Lille (ENSAPL), de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM), et de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) Hauts de France se sont succédé pour travailler ensemble sur la massification de la rénovation énergétique par le prisme de problématiques architecturales, techniques, sociales ou encore urbaines. Que ce soit sur les sites du Petit Maroc, de la Ferme des Vanneaux à Roost-Warendin, ou à Tergnier, les étudiants accompagnés du regard de leurs encadrants, des habitants, des bailleurs sociaux, des institutions et/ou des partenaires, ont imaginé des scénarii d’interventions et des solutions concrètes pour permettre la rénovation énergétique des bâtiments par l’industrialisation, le réemploi, la prise en compte de l’évolutivité, etc.
Le temps d’échange partenarial du 27 juin dernier a permis de faire un focus sur les enjeux de l’habitat dans les MPP en rendant visibles notamment les solutions apportées par les étudiants à travers deux dépliants qui viennent compléter les deux précédents : « Transformer la maison » et « Travailler ensemble ». Parmi les solutions évoquées, on peut citer les bouquets de travaux dès l’achat, l’accompagnement des habitants avec le dispositif des persona, la prise en compte de l’évolution des usages, le kitting, l’amélioration des performances énergétiques, l’extension par le toit et la façade, la massification des solutions…
Matériaux locaux et partage de compétences pour La Ferme des Vanneaux
En tenant compte de l’occupation existante et des activités des travailleurs sociaux sur place, les étudiants investis sur le MPP#3 avec la Sauvegarde du Nord, se sont demandé : Comment rénover écologiquement et socialement en site occupé dans un contexte d’urgence ?
L’hypothèse de projet consiste à rénover et réorganiser les espaces sains du bâtiment existant et non pas de déconstruire. Plusieurs enjeux sont apparus ; écologiques avec la question du réemploi, de la réduction de l’empreinte carbone, l’amélioration des performances énergétiques, et l’utilisation des matériaux locaux ; sociaux avec le défi du partage de compétences, du lien social, de la sensibilisation aux chantiers participatifs ; économiques avec l’accès au logement pour des ménages modestes ; logistiques avec la massification et les solutions de kitting.
Parmi certains partis pris retenus, les étudiants ont choisi de privilégier les matériaux locaux pour réduire la distance de transport et réduire l’empreinte carbone du processus de construction. Le recyclage des matériaux présents répond à leur contrainte budgétaire forte. La conception d’un espace bioclimatique a permis de réduire l’utilisation de techniques mécanisées. L’acquisition de compétences en rénovation écologique pour les salariés en insertion favorise le développement et le partage de connaissances. Ainsi, la sensibilisation au développement durable s’étend. Le projet de rénovation se révèle alors comme possible créateur de lien sensible entre l’engagement des usagers, la mise en œuvre des matériaux et le partage de connaissances autour du modèle de ville durable.
Phasage et zonages, dispositifs modulaires, confort thermique : le site de la Fosse 12 transformé !
Le contexte de l’intervention des étudiants sur ce site est assez particulier dans la mesure le site d’études dépassait l’enjeu de l’habitat, habituellement pris en charge par Maisons & Cités, puisqu’était présent un ensemble bâti minier dont l’avenir n’était pas encore défini. A cette première particularité s’ajoute la spécificité socio-économique de la ville. La population de Loos en Gohelle est en effet pour 50% d’entre elle inactive professionnellement, et clairement identifiée comme moins diplômée et plus paupérisée. Il s’agissait pour les étudiants de se demander : comment rendre légitime la réhabilitation d’un patrimoine inadapté aux enjeux d’aujourd’hui ?
Les solutions proposées par les étudiants sont multiples pour faire de ce lieu enclavé un espace de ressources pour de multiples usages et à destination d’usagers aux profils différents. Parmi ces solutions :
- le projet participatif avec un phasage adapté pour stocker des ressources
- une intervention par zones, à faible impact sur l’extérieur,
- des dispositifs modulaires évolutifs,
- des solutions de confort thermiques (isolation, planchers chauffants, brique en plâtre pour réaliser des murets chauffants…).
- des transformations de matériaux sur place : les blocs de béton paille sont transformés à partir du site de la fosse 12, des solutions de mobilier de réemploi avec la construction de structure bois.
A l’issue de ce travail, Yann et Franck de Maisons et Cités ont pu exploiter le travail des étudiants, notamment la maquette, pour mener un travail d’explicitation permettant d’annoncer des perspectives concrètes avec le lancement d’un projet de réhabilitation – qui présente en annexe les conclusions et les propositions des étudiants !
LAMBERSART, nouvelle aire de jeu des étudiants pour le MPP#4 !
Après plusieurs mois d’échanges et de réflexion entre les différentes parties, le conseil municipal de Lambersart a validé la collaboration avec HABITER2030 en vue du MPP#4 et la participation des étudiants pour l’année 2024-2025. La rencontre des écoles, de l’association et de la municipalité tombe à point nommé alors que Lambersart s’engage dans des projets de réaménagement urbain.
En effet, saisissant la double opportunité, offerte par le projet de nouvelle voie verte d’une part qui permet d’accéder à la ville par le nord, et la perspective d’une ligne de tram prévue pour 2030, Lambersart repense notamment sa nouvelle entrée de ville dans un contexte bâti défavorable. Entre la halle, le centre technique municipal, le centre social, et les abords de 5 établissements scolaires, comment requalifier les accès ? Quel paysage et quels usages pour cette nouvelle entrée de ville ?
Parallèlement à ces enjeux urbanistiques, les étudiants ingénieurs de l’ENSAM et de l’INSA seront amenés à réfléchir sur les solutions thermiques. Le raccordement du réseau de chauffage urbain se pose pour des logements individuels. Comment industrialiser ce chantier ? Comment atteindre les objectifs de réduction de l’empreinte carbone des matériaux de construction en amenant de la circularité et du réemploi ? Comment gagner en efficience énergétique par des solutions de massification ?
Si l’on parle d’aire de jeu, c’est aussi parce que l’approche des étudiants architectes sera aussi sans doute urbanistique questionnant : les abords des écoles, leur insertion dans le paysage, leur capacité à s’ouvrir tout en sécurisant les allées et venues ? Ils pourraient trouver des sources d’inspiration venue d’ailleurs, et qui sait, inspirer à leur tour les écoles européennes ? Ces pistes sont aujourd’hui évoquées dans la perspective d’une collaboration pluriannuelle sans qu’aucune ne soit arrêtée.